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frere, monseigneur le duc de Lorraine'1' et aultres princes et seigneurs de son Conseil, le sire Claude Marcel, Prevost des Marchans avec les quatre Es­chevins et aulcuns aultres bourgeois, marchans ct citoyens de lad. Ville, auroit faict entendre à Sa Majesté, de la part du Corps de lad. Ville, que, suivant ce qu'elle luy avoit pleu leur proposer pour la subvention des six cens mille livres demandez à lad. Ville, pour ayder à payer ce qui est deu aux estrangers qui ont servy en ceste derniere guerre, ilz auroient faict le jour d'hier une assemblée en l'Hostel de cested. Ville et bien amplement faict en­tendre tout ce que Sad. Majesté leur avoit declairé de l'estat de ses affaires, pour prendre une reso­lution sur le faict desd. vic ai livres; mais qu'après avoir faict tout ce qu'il leur avoit esté possible, la resolution de Iad. assemblée avoyt esté qu'ilz re-monstreroient à Sad. Majesté le peu de moyen qu'ilz ont de lever icelle somme, consideré les pey­nes où l'on s'est trouvé quant l'on en a voullu lever une moindre; qu'il pleustà Sad. Majesté decla­rer ceulx des habitans d'icelle Ville, cité et faulx­bourgs qu'elle entend eslre contribuables à cest octroy, et en quel temps il sera payable.
k Sur quoy Sad. Majesté leur a à l'instant respondu qu'à son très grand regret il a esté contrainct de leur demander lad. somme et que très voluntiers et de bon cueur, non seullement il la diminueroit, s'il pouvoit, mais les en deschargeroit du tout, tant il abonne volunté et affection de bien traicter, comme il a tousjours faict et fera encores cy après, sad. bonne Ville; mais qu'il est du tout impossible, d'aul­tant que, comme il leur feyt entendre dernierement, depuis qu'il a pleu à Dieu nous donner la paix, re­gardant par plusieurs foys avec les princes et sei­gneurs de son Conseil à l'estat de ses affaires et des debtes èsquelles il est encouru à l'occasion des guerres dernieres, dont les sommes se sont, sans comparaison, trouvées beaulcoup plus grandes et excessives envers les estrangiers qui ont esté licen-tiez, que aultres debtes qui ayent jamays esté deues à estrangiers, aiant pour ceste occasion Sad. Ma­jesté reduict tant sa gendarmerye que ses gens de pied necessaires pour les garnisons de ses frontieres, au plus petit nombre qu'il luy a esté possible, et aussi les aultres despences ordinaires de son Royaulme à la plus petite somme qu'il a peu, voire diminué |
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beaulcoup de ce qui estoit pour sa propre personne, et davantaige esté contrainct de retrancher les pen­sions et estatz des princes et seigneurs, tellement qu'il a rongné et reduict toutes choses aultant que faire se pouvoyt, pour soullager son pauvre peuple, de peur d'estre contrainct de faire nouvelles levées dc deniers sur luy;
"Mais d'aultant que si peu qu'il avoict trouvé à son advenement à la couronne, tant de son domaine que des aydes, qu'il avoyt dès le commencement de son regne commancé à mesnaiger et donné ordre pour le rachepler le plustost qu'il eust peu, en in­tention de descharger le plus qu'il pouroit ses sub-jeclz, comme il eust faict sans lesd, guerres, a esté engaigé, et l'ordre qui avoit esté mis pour led. mesnaigement delaissé par contraincte, à l'occasion d'icelles guerres, ausquelles il n'eust peu autrement subsister; il s'en fault beaulcoup que sond, revenu puisse satisfaire à la somme à laquelle se trouve monter lad. exacte et eslroicte reduction, comme ilz entendirent de Sad. Majesté amplement à la derniere assemblée, et que pour satisfaire aux Reistres et Suysses qui ont servy ceste derniere guerre de ce qui leur est deu, qui est une chose à part non comprinse aud. estat, et aussi pour oster l'occasion ausd, estrangiers qu'ilz pourroient prendre, s'ilz n'es­toient payez aux termes portez par ses obligations, de revenir demander ieur payement, et cn ce faisant gaster ses pays, et arrester prisonniers ses sub­jects, comme par sesd, obligations l'on a esté con­trainct leur permectre pour les faire sortir hors ce Royaulme, ce qu'ilz n'eussent faict sans que l'on leur feyt lesd, expresses conditions, Sad. Majesté auroit esté, à son très grand regret, contraincte de departir et esgaller, avec l'advis de tout son Conseil, sur toutes les villes closes de son Royaulme, une parlie.de ce qui est deu ausd. Reyslres et Suysses, que si elle pouvoit elle rachepteroit de son sang pour en descharger ses subjeetz; et que en cela elle avoit soullagé le plus qu'elle avoyt peu, comme encores elle vouldroit faire, sad. Ville de Paris; mais qu'il ne luy avoit esté possible de luy demander moings, comme elle eust bien voullu, que desd. vic m livres.
"Ayant Sad. Majesté, pour ces occasions, declairé ausd. Prevost des Marchans et Eschevins, bour­geois , marchans et citoyens y estans, que lad. somme
<!> Charles II dit le Grand, né en i542, duc de Lorraine de 1565 au i4 mai 1608, date de sa mort, était le beau-frère du roi de France. U avait épousé en 1559 Claude de France, fille de Henri ll, à la cour duquel il avait été élevé (i552-i55g).